Description : Peu importe l’environnement, la cramoisève ne passe jamais inaperçue. Toujours perchée sur une carcasse en décomposition,
elle dresse son tronc épais, noir et craquelé, comme un vestige carbonisé. À son sommet, de lourds fruits rouge orangé, luisants et juteux,
semblent palpiter d’un appétit inverse. Leur éclat sanglant attire immanquablement les regards et les bêtes. L’air autour d’elle est saturé
d’une odeur puissante de viande fraîche, appétissante. Les carnivores des environs, le museau frémissant, s’approchent, souvent jusqu’à
goûter ces fruits suintants… et ainsi, l’infection commence. Contrairement aux plantes ordinaires, la cramoisève ne s’ancre pas au sol :
elle ne tire rien de la terre. Ses racines, courtes et voraces, s’enfoncent directement dans le cadavre qu’elle parasite. Elle se nourrit
exclusivement des chairs et fluides du défunt, dont elle accélère la décomposition pour mieux l’absorber. Fleur éphémère, elle atteint sa
maturité en quelques semaines à peine. Dès que ses fruits sont formés et que son parfum atteint son pic, la carcasse est déjà vidée. Ayant
consumé toute sa source de vie, la cramoisève meurt en l’espace de dix jours après l’éclosion, laissant derrière elle une terre stérile...
Mais souvent, plusieurs bêtes infectées.
Effets : Les effets de la cramoisève se manifestent quelques heures seulement après l’ingestion de ses fruits. Le pollen, insidieux,
se répand dans l’organisme de l’hôte, atteignant rapidement le cerveau. C’est là que la plante germe. Elle y déploie ses premières racines,
y enfonce ses fibres noires et affamées, y sème sa volonté. L’écorce sombre, dure comme la pierre, commence alors à apparaître, recouvrant
peu à peu les zones conquises : d’abord la tête, puis le cou, la poitrine, les membres. En parasitant le cerveau en premier, la plante
prend le contrôle du comportement. L’instinct de l’hôte est déformé, réécrit. Il devient violent, féroce, obsédé par le sang. Chaque
blessure infligée à une autre créature devient une opportunité pour semer. Lorsque les racines atteignent les organes vitaux, elles les
absorbent, les exploitent, parfois les remplacent. Seuls les muscles sont épargnés, mieux encore : la cramoisève les renforce. Elle
enserre les fibres, les soutient, les densifie, offrant à la créature une force décuplée. Mais ce pouvoir a un prix. L’hôte meurt à
petit feu, ses tissus vidés, son énergie siphonnée. Son espérance de vie chute brutalement. Et pourtant, pendant ce court laps de temps,
il devient autre chose : une bête plus puissante, plus résistante, plus meurtrière qu’il ne l’a jamais été.
Aucun carnivore n’est à l’abri.
Pas même les hommes.
Usages : Du fait de sa dangerosité et de son mode de pollinisation unique, la cramoisève est une plante particulièrement
difficile à cultiver. Son cycle de vie très court, et sa dépendance à un cadavre hôte, rendent ses apparitions dans la nature
aussi rares que redoutées. Pourtant, malgré sa rareté, certains convoitent ses effets : les fruits, s’ils sont cueillis avant
maturité, peuvent être mis à macérer pour produire un alcool noir, dense et visqueux. La cueillette prématurée, combinée à la
fermentation, affaiblit le pollen et neutralise ses effets mentaux les plus dangereux. Les racines parasitaires ne s’étendent
plus dans l’organisme. À la place, de fines racines, presque microscopiques, s’ancrent temporairement dans les fibres musculaires,
augmentant grandement la force physique du buveur. Cette augmentation surhumaine temporaire intéresse de nombreux individus dans
tout le continent, allant de l'aventurier en difficulté au malfrat braquant une banque. Selon la qualité du fruit et la durée de
la macération, ce breuvage peut également exacerber l’agressivité. Des cas de meurtres accidentels suite à des excès de rage ont
déjà été observés en cas de mauvaise préparation de l'alcool noir. Il est aussi fortement déconseillé d’en abuser : les racines,
même affaiblies, causent des micro-lésions internes. Les utilisateurs réguliers souffrent de douleurs musculaires chroniques, de
spasmes... et parfois, d’une dépendance difficile à briser.
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